Table Of ContentN°5
Premier
semestre
1997
Canada
riande, Nigeria central, ;
affrontements de cultures
Congrégation du Saint-Esprit,
30, rue Lhomond, 75005 PARIS-
Mémoire Spiritaine
Histoire, Mission, Spiritualité
Revue semestrielle
LaCongrégationduSaint-Espritseprépareàcommémorer,en2003,sontroisièmecentenaire.
DifférentesEgliseslocalesàlanaissancedesquelleselleatravaillécélèbrent, cestemps-ci, leur
centenaire. Dans ces perspectives, la revueMémoireSpiritaineoffre un instrument depubli-
cationquiencouragelesétudes historiques surlaCongrégationet qui enpermetladiffusion.
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Mémoire Spiritaine
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A
paraître en 1997 : n° 5 et 6
Les quatre premiers numéros de la revue sont disponibles,
au prix de 100 F. le numéro (port compris, pour la France)
Imprimerie« NuovaOflito », Mappano(Turin)- Impriméen Italie(CEE) ISSN: 1254-2520
François Libermann (1802-1852)
(TableaudeTheodorvonderBeek, 1866)
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in 2010 with funding from
Lyrasis IVIembers and Sloan Foundation
http://www.archive.org/details/memoirespiritprem1997cong
Mémoire Spiritaine, n° 5, (1" semestre 1997 )
Editorial
3 Affrontements de cultures
Autour des fondateurs
7 Henry J. Koren
Essai sur le charisme spiritain au fil de l'histoire, de 1703 à 1839
24 Yves Poutet
Nicolas Rolland ( 1642-1678 ), Claude-François Poullart des Places
( 1679-1709 ) et la dévotion à la Sainte-Famille
33 Joseph Carrard
Histoire d'un portrait peu connu de Libermann
La mission spiritaine dans l'tiistoire
37 Seàn Farragher lu par Christian de Mare
Le Père Jules Léman et la fondation du collège de Blackrock, en Irlande
63 Vincent O'Toole
Premiers contacts des spiritains avec les peuples de la région centrale du
Nigeria
93 Sœur Paul Girolet
Tout ou rien : Sœur Isabelle Joantéguy ( 1895-1942 )
107 Gaétan Renaud
Canada Naissance de la province spiritaine
:
Chroniques et commentaires
136 Philippe Delisle
1848 Un clergé démocrate dans les vieilles colonies françaises
:
147 Jacques Gadille
L'« œuvre » de JosephMichelaurangdestravauxpionniers enmissiolo-
gie historique
152 Joseph Rubin
Questions autour d'une pièce de monnaie
Recensions
155 MAYEUL DE DREUILLE, LaBouenza, 1892-1992. Lessources del'Egliseau Congo, Beau-
cPahreissn,e,édP.arFirsa,nç1o9i9s4,de14G1uibp.er(t,Je1a9n96E,r1n9o5ulpt. () M;iHcuhgeuleLtetgeraPiÉnR)OL;,BeLrensarsdanSsA-pLaVpAieIrNsGd,eLl'eEsglmiisse-,
sionnaires à la rencontre de l'Afrique au XIX^ siècle ( Côte des Esclaves et pays yoruba,
1840-1891 ), Paris, L'Harmattan, 1994, 344 p., ill. ( PauleBrasseur ).
Revenir sur ses pas peut être une très bonne chose,
et sagesse, et courage.
A condition qu'on ne soit pas revenu de tout
pour se borner à n'aller nulle part,
qu'on ne revienne pas de loin pour retrouver son lit,
retourner à la mangeoire ou à son vomissement. (...)
Les retours sans nouvel aller,
le revenir stérile sans jamais repartir,
c'est survivre sans vivre.
Claude Roy
EDITORIAL
Mémoire Spiritaine, n° 5, premier semestre 1997, p. 3 à 6.
Affrontements de cultures
Cette première livraison de 1997 s'ouvre exceptionnellement par les cou-
leurs d'unportraitpeuconnude Libermann. Nous sommes heureuxdel'offrir
à nos lecteurs' accompagné de son histoire - car il a une histoire, et origi-
nale - brièvement mais précisément racontée par Joseph Carrard.
!
Cette fois-ci, pourtant, dans la première partie consacrée aux fondateurs,
Poullart des Places et le premier Saint-Esprit occupent plus de pages que
Libermann. Alors que notre précédent numéro était consacré àcegrand his-
torien des origines spiritaines que fut Joseph Michel décédé enjuin dernier,
nous sommestrès heureux de pouvoir aujourd'hui donner laparole à un autre
historien dont l'œuvre immense, toujours en expansion, a beaucoup contri-
bué à faire connaître l'histoire de lacongrégation du Saint-Esprit dans toute
son ampleur, des origines à nos jours : le P. Henry J. Koren.
Depuis les Etats-Unis, en 1958, avant même le P. Joseph Michel, Henry
J. Koren s'était intéressé à Poullart des Places pour préparer l'édition
( français-anglais ) de ses écrits. Citons ici, comme une contribution à l'his-
toire, l'anecdote qu'il m'a récemment racontée dans une lettre : « Lorsque
j'ai demandé àla maison mère de Paris de m'envoyerune copie microfilmée
de ses écrits [ceux de Poullart des Places], personne ne semblait savoir ce
quec'était qu'unmicrofilm, et l'archiviste ( ou son assistant ) de dire : "Que
peut-on bien faire d'une copie de ces écrits ? Personne ne s'intéresse à Poul-
lart des Places !" Par chance, ily avaitjustement unhistorien belge depassage
1. Nous en avons fait faireuntirage à part. On peut donc se procurer ce portrait pour lui-même en
s'adressant au service librairie de la rue Lhomond où il est en vente au prix unitaire de 5 F. pièce.
à nos archives, le chanoine Jadin, et le P. Lambert Vogel, conseiller géné-
ral, lui a demandé de faire pour moi une copie microfilmée avec son propre
appareil photographique. C'est ainsi que je pus sortir la première édition
des écrits de notre fondateur. »
Depuis l'Université spiritaine Duquesne de Pittsburgh ( USA ), le P. Koren
s'est penché ensuite sur le développement de l'œuvre de PouUart au XVIIP
siècle, sur sa décadence à partir de la Révolution et sur sa renaissance avec
Libermann. Dans le texte que nous avons traduit et adapté pour ce numéro,
leP. Koren donne quelquesvuestrès profondes surce qui estle cœur detoute
l'histoirespiritaine. Lesélémentsmisenlumièreparluienlèventtoutepossibili-
té - pour ceux qui en seraient encore là ! - de mettre en opposition nos
deux fondateurs : ily aune réelle unité et continuité de latradition spiritaine.
Le texte du Fr. Yves Poutet, historien des Frères des écoles chrétiennes,
se veut un hommage à un collègue et à un ami disparu. C'est, en effet, à
partir des recherches d'Yves Poutet que Joseph Michel apu étabUr l'influence
déterminante sur Poullart des Places desjésuites et de la spiritualité de leurs
associations de piété ( Aa ). Yves Poutet montre ici que ce fut déjà le cas
du Bienheureux Nicolas Roland, directeur spirituel de saint Jean-Baptiste
de La Salle, lui-même en lien avec Poullart... Il est important, pour nous
spiritains, d'approcher et de comprendre notre fondateur dans la constella-
tion sociale et spirituelle de son époque, et non comme une comète isolée.
Pour ce numéro, nous avons dû renoncer à la partie consacrée à la publi-
cation commentée d'un document lié à l'histoire ( spiritaine ou non ) de la
mission. L'important ensemble consacré au P. Joseph Michel dans le précé-
dent numéro, nous avait obligé àun report d'articles et dechroniques initia-
lement prévus. Nous rattrapons notre retard dans ce numéro.
Trois contributions, sur des sujets apparemment très différents dans leur
lieu et leur moment propres ( Irlande, Nigeria central, Canada ), donnent
matièreàréflexion identique sur la façon dont lacongrégationdu Saint-Esprit
s'est développée, depuis un siècle et demi, à partir de la France : en Afrique
certes, maisaussi dans d'autrespaysoccidentaux. Decestroisarticles, ilressort
que les débuts de l'implantation spiritaine en ces Ueux furent difficiles. Y
apparaissent clairement des conflits Ués à la rencontre de cultures différen-
tes. Fin XIX% début XX^ siècle, la culture dominante de l'entreprise spiri-
taine était la culture française, la façon française d'appréhender le monde
et la foi chrétienne elle-même. Entoute innocence ( ? ), et pas seulement sous
legénéralat du T. R. P. Ignace Schwindenhammer, le spiritain français expor-
tait son modèle culturel, aussi bien en Europe ou en Amérique qu'en Afri-
que. L'ethnocentrismegallican ( ougaulois ? ) se conjuguait, en plus, histo-
riquement, avec le développement, dans la société civile ( jacobinisme ) et
dans la société ecclésiale elle-même ( ultramontanisme ) d'un processus irré-
sistible de centralisation dans l'administration des choses et des hommes.
En ce sens, le spiritain africain d'aujourd'hui pourra constater que, d'une
certaine façon, on ne se comportait pas mieux avec les cultures irlandaise
et canadienne qu'avec les cultures africaines. J'ai vive conscience qu'il peut
y avoir quelque anachronisme - péché mortel en histoire - dans cette façon
de poser les problèmes, mais c'est stimulant pour la réflexion.
On verra également que le bon P. Le Vavasseur plus proche de Liber-
(
mann, nous semble-t-il, que le T. R. P. Schwindenhammer ) n'a pas fait
preuve, comme assistantgénéral envoyé en Irlande, d'uneapproche plus com-
préhensive de la spécificité irlandaise. Nous voyons aussi Mgr Le Roy pour-
suivre ses idées au Canada, de même qu'il a toujours eu tendance à diriger
lacongrégation des Sœurs spiritaines. Decepoint devue, l'articlede Sr Paul
Girolet nous fait, certes, découvrir la figure forte et attachante de Sr Isa-
belle Joantéguy mais laisse aussi deviner quelques zones d'ombre historiques
dans les relations entre le Supérieur général spiritain et les spiritaines qu'il
faudra bien avoir le courage d'explorer : là aussi, la vérité libère et rétabht
la justice.
Le passionnant article de Vincent O'Toole sur le Nigeria central permet,
d'ailleurs, de seposer àpeu près les mêmes questions. Les premiers mission-
naires du Nigeria furent des Français nul doute qu'ils n'aient pas eu exac-
:
tement la même vision des choses et de l'Afrique que le colonisateur britan-
nique. Derrière le reproche que le Gouverneur général Wallace fait aux
missionnaires cathohques de vouloir enseigner l'anglais aux enfants scolari-
sés ( et non pas simplement les langues locales ), se devinent déjàdeux systè-
mes de colonisation différents, issus de deux visions du monde cultures
( )
différentes, colorant inévitablement l'approche missionnaire et la théologie
même des missionnaires
.
Ce même article de V. O'Toole soulève aussi quelques questions intéres-
santes à propos de la grande figure missionnaire que fut Joseph Shanahan^
Irlandais formé en France, il a écrit en français d'innombrables lettres à la
maison mère et à ses confrères. Comment a-t-on pu écrire déjà deux biogra-
phies de Shanahan en anglais^ sans avoir exploité l'immense gisement de ses
lettres ( du jeune missionnaire Shanahan notamment ) qui sont conservées
2. Voirdanslen° 3deMémoirespiritaine( 1996/1 )l'articledeLukeMBEFO, "MgrJosephShana-
han ( 1871-1943 ). Un missionnaire qui aimait les Africains", p. 74-93.
3. J.P. JORDAN, BishopShanahan ofSouthernNigeria(Dublin, Ebo Press, 1971, p. IX). et Des-
mond FORRISTAL, The SecondBurialofBishop Shanahan, Dublin, Veritas, 1990.
aux archives générales de Chevilly-Larue, ce que le P. O'Toole a précisé-
ment commencé à faire ?
Tous les articles de ce numéro 5 donnent à penser. Dans les Chroniques,
nous retrouvons Philippe Delisle et la période de la monarchie de Juillet"^.
L'articled'aujourd'hui sur leclergédémocratedanslesvieilles colonies fran-
çaises, en 1848, montre bien la prégnance d'une culture traditionnelle dans
l'Eghse, qui rejette les nouveautés utopiques de quelques-uns. Dugoujon,
CastelU et quelques autres nous semblent aujourd'hui avoir eu l'Evangile
et l'avenir pour eux. Mais, s'ils se heurtent à la culture générale ambiante
des colonies rien moins que démocratiques dans leurs fondements, il faut
reconnaître, d'autre part, qu'ils ont des comportements personnels contes-
tables, voire font preuve d'ambitions carriéristes qui gâchent les meilleures
idées, mêmepuisées dans les Evangiles. Lestroispages de Joseph Rubinnous
parlent aussi de la monarchie de Juillet : c'est fou le nombre de questions
( spiritaines ) que l'on peut se poser à partir d'une pièce de monnaie percée
d'untrou !... Le monde entier dansunecoquillenoix ! Demêmequelemonde
entier ( ou presque ) est représenté par les auteurs de ce numéro et par les
sujets traités Etats-Unis, Hollande, France, Suisse, Allemagne, Irlande,
:
Angleterre, Itahe, Nigeria, Cameroun, Canada, Martinique, Guadeloupe,
Gabon, Congo, Togo, Bénin...
!
Terminons par une très bonne nouvelle la thèse de Joseph Michel, dont
:
notreprécédent numéro atellement parlé, vientde paraître auxPressesUni-
versitaires de Rennes sous le titre : Missionnaires bretons d'outre-mer,
XIX^-XX^siècles ( 300 p., 145 F. ). Pour vous la recommander, rien de tel
que de Ure le texte de Jacques Gadille que nous reproduisons ici et qui n'est
autre que la Préface rédigée pour cette publication, cependant que Michel
Lagrée a écrit, pour sapart, unePostface. Jacques Gadille et Michel Lagrée
représentent les Universités de Lyonetde Rennes qui ont subventionné cette
édition. Par ce travail dont il terminait juste la mise à jour au moment de
son décès, Joseph Michel a très exactement ouvert la voie dans laquelle
Mémoirespiritaineessaie d'avancer aujourd'hui. Amis lecteurs deMémoire
spiritaine, soyons donc logiques avec nous-mêmes achetons et diffusons
:
cet ouvrage
!
Paul Coulon
4. Cf.Mémoirespiritainen°2( 1995/2),Ph.DELISLE,"LaMonarchiedeJuillet,l'EglisedeFrance
et l'esclavage", p. 59-80.