Table Of ContentJacques PETITJEAN ROGET
Eugène BRUNEAU-LATOUCHE
PERSONNES ET FAMILLES
A LA MARTINIQUE
AU XVII SIECLE
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D'après recensements et terrier nominatifs
TOME 1 DOCUMENTS
SOCIETE D'HISTOIRE DE LA MARTINIQUE
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FORT DE FRANCE
1983
BOSTON
PUBLIC
LIBRARY
PERSONNES ET FAMILLES
A LA MARTINIQUE
AU XVII° SIECLE
TOME 1 DOCUMENTS
Jacques PETITJEAN ROGET
Eugène BRUNEAU-LATOUCHE
PERSONNES ET FAMILLES
A LA MARTINIQUE
AU XVII° SIECLE
D'après recensements et terrier nominatifs
TOME 1 DOCUMENTS
SOCIETE D’HISTOIRE DE LA MARTINIQUE
FORT DE FRANCE
1983
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I
INTRODUCTION
Amené à étudier la façon dont s*est constituée une Société à la
Martinique dans les 50 premières années qui ont succédé à sa prise
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de possession par les Français en 1635 nous avons largement puisé
dans les ressources des Archives des Départements d1Outre-Mer mises
si gentiment à notre disposition. Il s*y trouve en effet, rien que
pour le XVII° siècle et pour l'essentiel des recensements nomina¬
tifs, un terrier, des registres de catholicité.
Pour pouvoir exploiter ses sources précieuses nous avons dû é-
tablir un dictionnaire alphabétique des familles reconstituées à
partir de ces documents en nous limitant à la seule période qui
couvre de 1635 à 1700.
Quelques membres de la Société d*Histoire, pour avoir effectué
de laborieuses recherches à travers ces documents ont estimé qu'il
y avait là un instrument de travail précieux pour tous ceux qui,
sous différents aspects, s'intéressent au début de l'histoire de la
Martinique.
Notre ami Eugène BRUNEAU-LATOUCHE, auteur d'un remarquable ou¬
vrage de généalogie familiale, fruit de longues et patientes re¬
cherches, a bien voulu accepter de faire l'énorme travail de mise
au point, complément, correction et frappe de ce qui n'avait été
qu'un accessoire sommaire, à usage personnel, de travail.
Nous avons pensé, malgré les difficultés de l'édition qu'il é-
tait indispensable de joindre à ce travail d'ensemble la copie fi¬
dèle des documents utilisés, dont la consultation n'est pas tou¬
jours facile.
La Société d'Histoire de la Martinique propose donc aujourd'hui
à ses membres et aussi à tous ceux qui sont intéressés en deux vo¬
lumes, le dictionnaire des personnes et des familles établies à la
Martinique au XVII° siècle, avec un système de références simples
permettant de se reporter aux copies des documents de base qui font
l'objet du deuxième volume.
Il nous faut justifier l'usage de ces documents ce que nous
#
essayerons de faire en les situant dans leur contexte historique et
en exposant sommairement les principaux renseignements qu'on en
peut tirer.
(l) La Société d'Habitation à la Martinique. Un demi siècle de for¬
mation. 1635-1685 - Thèse de Doctorat d'Etat. Paris VII, 1978. Li¬
brairie H. Champion Paris 1980.
II
LES ILES FRANÇAISES D'AMERIQUE
Les petites Antilles, en 1492, étaient peuplées de "Calina" qui ve¬
nus de 1*Amazonie avaient en quelques 7 siècles repoussé les Taïnos
leurs ennemis dans les grandes Antilles. Christophe Colomb entendit
parler en termes peu amènes des "Calina" qu'il baptisa "Cannibales”
avec la fâcheuse réputation que l'on sait, et plus tard "Cariba"
dont les Anglais ont fait "Caribe" et les Français, bien plus tard,
"Caraïbe".
Dès le 8 Janvier 1493 Colomb note dans son journal l'existence
à l'Est d'une "Isla de Matinino" peuplée seulement de femmes que
les méchants Caraïbes viennent visiter périodiquement. Rattachant
cette information à l'Ile des Amazones dont parlait Marco Polo il
s'attachera à la découvrir, bien en vain car il s'agit d'un mythe
sur l'origine des amérindiens du groupe Awarak.
Enfin, de guerre lasse, à son 4° voyage le Mercredi 15 Juin
1503 au matin il attribua le nom de Matinino à la plus à l'Est des
Iles des Antilles. Il fut déformé par les cartographes en Matinique
et à la fin du XVI° en Martinique.
Les Espagnols s'étaient fait attribuer par le Pape toutes les
terres qu'ils avaient découvertes, avec un petit morceau plus tard
pour les Portugais, et défense absolue aux bateaux des autres na¬
tions de paraître dans ces parages. Immédiatement les Français s'y
précipitèrent et furent massacrés par les Espagnols. Le Roi de
France distribua des lettres de représailles. La flibuste était née
Au milieu du XVI° il y eut même une tentative de colonisation
des Français au Brésil. Plus tard de nombreux bateaux français pra¬
tiquèrent ce que l'on appelait "les voyages de l'aval". Ils consis¬
taient à longer les côtes du Brésil, puis des petites Antilles éta¬
blissant des bases proches des populations indiennes amies, prati¬
quant avec eux des échanges pour ramener du bois de Brésil, du pé-
tun (tabac) et si possible en rentrant à arraisonner un ou deux es¬
pagnols lourdement chargés.
L'occupation par ces Français en 1626 d'une partie de l'Ile de
St Christophe se situe dans le prolongement de ces "voyages de l'a¬
val". Elle a été réalisée par un "Capitaine Entretenu" du Roi de
France c'est-à-dire muni de "Lettres de course" en bonne et due
forme. Ce Gentilhomme Normand Pierre Belain d'Esnambuc sut intéres¬
ser le Cardinal de Richelieu par la qualité des "pétuns" qu'il a-
vait ramenés et le haut prix auquel il les avait vendus. Le Cardi¬
nal entendant, en dépit des oppositions, développer le commerce ma-
III
ritime de la France constitua en Octobre 1626 avec douze gros fi¬
nanciers, associés de plus ou moins bon coeur, une Compagnie de
Commerce pour 1 * exploitation de l'Ile St Christophe et des îles
circum voisines.
Dès Janvier 1627 trois bateaux partirent avec les Capitaines
d'Esnambuc et du Roissey et plusieurs centaines d*hommes leurs
"Compagnons". Tous reconnaissaient, par contrat, s'être "alloués
volontairement et sans contrainte aux Associés s'être soumis et o-
bligés" envers elle pour aller à St Christophe ou autres îles. Là
les Capitaines seraient libres de laisser le nombre qui leur plai¬
rait pour y "cultiver, essarter, améliorer la terre pour du pétun
... mettre en perfection les forts et habitations commencés", y ré¬
sider trois années. Comme rétribution ils devaient recevoir à peu
près la moitié de leur production.
Ces contrats d'allouage dans les minutiers du Havre, de Dieppe
(copies à la Bibliothèque de Rouen), de Ronfleur, de Nantes, exis¬
tent encore.
La Compagnie de St Christophe connut des heures difficiles. Ri¬
chelieu attaché à son développement décida en Mars 1635 de la réno¬
ver sous le nom de "Compagnie des Iles d'Amérique". Cette fois le
Roi, en attribuant la propriété, qu'il s'arroge lui même sur les î-
les, aux Associés et à leurs héritiers à venir, en fait à perpétui¬
té les "Seigneurs de la Compagnie" dans la pure tradition féodale.
Dès lors ils pourront attribuer des concessions héréditaires et non
plus simplement prêter des terres ce qui pourra assurer au peuple¬
ment une certaine pérennité.
La Martinique, une des îles de la Compagnie (1635-1650)
En 1635 la Martinique, comme la Guadeloupe, est occupée depuis
un millénaire par des Caraïbes qui y vivent en parfait équilibre a-
vec une nature particulièrement riche. Leur nourriture est à base
de manioc dont un héros légendaire leur a appris à séparer les élé¬
ments nocifs. Ils utilisent beaucoup poissons et coquillages de la
bande côtière. Bons marins ils partent périodiquement à 40 ou 50
par pirogue en expédition pour la côte d'Amérique du Sud d'où ils
ramènent des femmes et les prisonniers les plus courageux pour les
immoler rituellement.
Ils entretiennent de bons rapports avec les Français et accep¬
tent volontiers d'eux une occupation parcellaire et temporaire de
leur territoire. Mais en Juillet 1635, deux anciens officiers de St
Christophe, L'Olive et du Plessis après un essai sans lendemain à
IV
la Martinique prennent possession de la Guadeloupe, en dépit des
protestations des Caraïbes.
Belain d'Esnambuc fort mécontent qu'on ne l'ait pas prévenu de
cette occupation d'une des îles qui lui avaient été attribuées mon¬
te aussitôt une expédition sur la Martinique.
Il y débarque le 1° Septembre 1635 et s'empresse d'édifier un
fortin qu'il place sous la protection de St Pierre son patron. Le
15 Septembre à son tour il prend solennellement possession de la
Martinique au nom du Roi de France et pour le compte de la Compa¬
gnie des Iles d'Amérique. Puis il écrit au Cardinal de Richelieu
lui rendant compte qu'il y "a posé en garnison 150 hommes".
La plupart de ces hommes étaient, nous dit le Père Dutertre "de
vieux habitants de l'île St Christophe, tous gens d'élite accoutu¬
més à l'air, au travail et à la fatigue du pays et qui en un mot
n'ignoraient rien de tout ce qu'il faut faire pour défricher la
terre, la bien cultiver, y planter des vivres et y entretenir des
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habitations".
Les Français, sous la direction de Jean du Pont que d'Esnambuc
avait laissé comme Gouverneur eurent de sanglants combats avec les
Caraïbes qui se refusaient à laisser occuper leur territoire. Ce¬
pendant, selon le Père Bouton "les sauvages ayant après quelque
temps reconnu leur faiblesse et impuissance, parlèrent de quelque
accomodement et la paix fut faite"... à la fin de 1636. Aux termes
de cet accord les Français se cantonnèrent sur la côte Ouest, celle
de la calme mer Caraïbe, aux anses sabloneuses où leurs bateaux
pouvaient, accoster le nez dans le sable; les Caraïbes se réfugiè¬
rent sur la côte Est celle de l'Atlantique où les vagues consti¬
tuaient une protection contre les surprises de leurs ennemis, où
les massifs madréporiques cernaient des hauts fonds propres à
l'exercice de leurs procédés de pèche.
Jean du Pont parti pour aller à St Christophe annoncer la paix
avec les Caraïbes fut pris et jeté en prison à St Domingue par les
Espagnols.
Belain d'Esnambuc peu de temps avant sa mort survenue en Juil¬
let 1637, étant depuis longtemps resté sans nouvelle de la Martini¬
que, en confia le commandement à son neveu Jacques Dyel du Parquet
qui vivait à St Christophe depuis 10 ans.
Celui-ci arriva à la Martinique en Juillet 1637 avec 15 vais¬
seaux bien chargés.
Trois ans plus tard, selon la description du Père Bouton, les
