Table Of ContentLAURENT LOUIS
il
D E B O UT !
Ui B|06RAPtilE
I>£
LKXiDENX DE LA DÉMOCRATIE
LAURENT LOUIS
DEBOUT !
3
Il y a des petits détails dans la vie qui en disent beaucoup sur qui vous
êtes vraiment. Ainsi, en grand gourmand que je suis, c'est à 1 lhl8, le
vendredi 29 février 1980 que j'ai décidé de quitter le ventre protecteur et
confortable de ma maman pour faire mon apparition dans ce monde.
Juste à temps pour le repas de midi que, depuis, je ne manque sous
aucun prétexte.
Et oui, vous avez bien lu, je suis né un 29 février, il fallait le faire
puisque cette date ne tombe qu'une fois tous les 4 ans. Comme quoi déjà
tout petit, je n'avais pas l'intention de passer inaperçu et de me fondre
dans la masse. C'est un trait de caractère qui ne m'a jamais quitté
jusqu'ici. Cette particularité au niveau de ma date de naissance me valut
après seulement 3h de vie mon tout premier article dans la presse locale.
A cette époque là, je ne subissais pas encore la censure des médias dits
traditionnels...
Durant les 6 jours passés à la maternité de Nivelles, j'en ai vu défiler du
monde, la famille proche et éloignée, mes grands-parents maternels et
paternels, sans compter les nombreux collègues de travail de mes
parents. C'est le début de vie de tout bébé, im début de vie dont on ne se
souvient pas personnellement mais dont les autres se souviennent pour
vous, bien souvent avec émotion et nostalgie. Un passé que vous vivez
par procuration.
7
Côté vie privée
C'est donc à Nivelles que je suis né, une petite ville historique située à
35 km au Sud de Bruxelles dans la province qu'on appelait alors encore
la Province du Brabant. Depuis, et à mon grand regret, les manœuvres
politiciennes de division de la population belge ont eu la peau du
Brabant unitaire qui symbolisait, par son bilinguisme français -
néerlandais, l'unité de mon pays et la fraternité entre les peuples de
Flandre, de Bruxelles et de Wallonie. Aujourd'hui, après de nombreuses
querelles communautah-es et de nombreuses crises créées de toutes
pièces par les politiques, la belle Province de Brabant a cédé la place à la
Province du Brabant flamand et à la Province du Brabant wallon. Cela
reste pour moi un très profond regret. Les politiciens belges, qui
défendent avant tout leurs intérêts s'en sont, eux, sortis avec de
nombreux avantages. Au lieu d'un seul Gouverneur de Province, nous
en avons maintenant deux et je ne vous parle même pas des députés et
conseillers provinciaux dont le nombre a également été largement
multiplié par 2. Ainsi, si les citoyens n'ont absolument rien gagné de ces
réformes communautau-es, ce sont les politiciens qui ont tiré le gros lot.
Comme d'habitude aurais-je tendance à dire...
Mais bon, revenons à nos moutons ou plus précisément à Nivelles, cette
ville qui m'a vu naître et grandir. Même si aujourd'hui, à cause de mes
combats politiques, de la jalousie et des campagnes de dénigrement de la
presse, il est moins agréable et facile d'y déambuler qu'auparavant.
Nivelles a toujours été pour moi une ville où il faisait bon vivre, une
ville calme et tranquille, une ville à la campagne à quelques kilomètres à
peine de Charleroi et de Bruxelles.
Même si mes parents avaient construit, à leur mariage, en 1975, une
maison à Haut-Ittre, petit village campagnard de l'entité de Ittre, où j'ai
grandi à leurs côtés et surtout passé des heures à jouer dans le grand
jardin qui entourait notre maison, c'est à Nivelles que j'ai passé le plus
clair de ma jeunesse. Certainement parce que c'est à Nivelles que j'ai
fait toutes mes études. Peut-être aussi parce que comme le disent tous les
Nivellois, avec un chauvinisme plus que démesuré, avouons-le.
Nivelles, c'est la plus belle ville du monde ! La plus belle, je ne crois
pas mais c'est certainement la seule où vous pouvez trouver la tarte al
djote, une tarte salée composée de fromage et de bettes connue pour son
8
goût et ses calories et dont je suis un fervent amateur... Je vous l'ai dit
d'entrée de jeu, je suis gourmand et j'adore les bonnes choses.
9
Une famille normale
Après avoir posé le cadre géographique si l'on peut dh-e, je me dois
d'évoquer mes parents car sans eux, je ne serais pas là en train de vous
raconter mon histoire. Il n'est pas simple de parler de mes parents et j'en
expliquerai plus tard dans ce livre les raisons mais le seul fait que je
doive parler d'eux au passé vous fera comprendre qu'ils ne sont
malheureusement plus de ce monde et je l'avoue, cette réalité est une
blessure qui bien souvent saigne encore même si je ne le montre pas.
Même s'ils ne sont plus là aujourd'hui, j'ai de la chance car j'ai eu de
bons parents, des gens simples, courageux, travailleurs et débordants
d'amour qui m'ont toujours vu comme leur priorité et qui ont toujours
tout fait pour que je sois bien. Etre bien et entouré par des parents
aimants, c'est tout ce qu'un enfant demande et j'ai eu la chance de
connaître ce bonheur.
Mes parents comme je vous l'ai dit étaient des gens simples, des gens
normaux comme on en croise tous les jours dans la rue.
Mon papa, Michel, était employé au tribunal de première instance de
Nivelles, en qualité de messager. Il se chargeait de distribuer le courrier
au sein du Palais de Justice et s'occupait également de l'accueil des
avocats. C'était un homme, particulièrement apprécié à son travail, qui
prenait son métier très à coeur. Il était une des petites mains de la justice,
l'ami des magistrats et le confident de certains avocats. Mon père a
toujours détesté l'école malgré le fah que ses parents, Renilde, fille de
mineur et couturière et Georges, adjudant-chef et ancien prisonnier de
guerre, faisaient tout pour le pousser à réussir. Même s'il en avait les
capacités, il n'aimait tout simplement pas étudier. C'est ainsi qu'il
commença à travailler juste après avoir terminé ses études secondaires.
Il travailla d'abord aux urgences de l'hôpital de Nivelles mais comme il
était hypocondriaque et qu'il détestait la vue du sang, il changea très
rapidement de travail pour rejoindre ses fonctions au Palais de Justice,
des fonctions qu'il ne quittera jamais arpentant pendant des années les
longs couloirs froids et humides du Tribunal de Nivelles.
Ma maman. Arme, a fait toute sa carrière au sein de la Mutualité
chrétienne en tant qu'employée au service médecin-conseil. Qu'est-ce
10
qu'elle en a vu passer sous ses yeux des certificats médicaux !!! J'avais
des liens très forts avec elle. C'est bien simple, quand je vois une de ses
photos, j'ai l'impression de me voir. C'était une femme de caractère,
une « dure tiesse » comme on dit dans ma région, une femme qui savait
ce qu'elle voulait et qui ne se laissait pas fah-e. Mais c'était aussi une
femme au grand cœur, une femme qui vivait plus pour les autres que
pour elle-même, une femme qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Son caractère, elle l'avait acquis au fil des années mais surtout au cours
de son adolescence fin des années 60, début des années 70. C'est en
effet là qu'elle apprit, grâce à la méchanceté de certains enfants du
village, qu'elle n'était pas la véritable fille de ses parents mais qu'elle
avait été adoptée. Que les enfants peuvent être cruels parfois ! Ce fut un
choc pour elle. Je crois qu'elle aura toujours eu du mal à vivre cette
réalité et que bien souvent, malgré l'amour et la présence de ses parents,
elle continua à se demander pourquoi sa mère, une jeune anversoise de
16 ans, l'avait abandonnée dans un orphelinat de Lierre, dans la
Province flamande d'Anvers. Il n'a jamais été simple pour elle de ne pas
savoir qui était réellement ses parents. Ma maman se posait beaucoup de
questions, je peux même dire que cette situation l'a rongée jusqu'à son
décès.
De mon côté, je ne me suis jamais posé la question de mes origines.
Contrairement à ma maman, j'étais plus terre à terre. Les liens du sang
pour moi ne sont pas et n'ont jamais été les plus importants. Pour moi,
un parent, ce n'est pas l'homme ou la femme qui met au monde un
enfant mais c'est celui qui tous les jours s'occupe de lui, se ronge les
sangs nuit et jour pour son avenir ou sa santé ou qui met de côté ses
envies personnelles pour satisfaire celles de son enfant. Dès lors, pour
moi, mes grands-parents maternels ont toujours été Estelle et René, ces 2
bons vivants que ma maman a eu la chance d'avoir poiu" parents et qui,
jusqu'à leur dernier souffle, ont toujours tout fait pour rendre leur fille et
leur petit-fils heureux.
C'est donc au sein de cette famille comme il en existe tant d'autres que
je vis le jour et que je fis mes premiers pas dans la vie.
Je ne garde de mes premières années de vie que très peu de souvenirs. Je
me souviens juste du bonheur et de l'amour que je recevais tous les jours
de mes parents et de mes grands-parents. J'ai toujours eu une chance
11
énorme. Mes grands-parents maternels, Estelle et René, habitaient à 400
mètres de chez moi à Haut-Ittre, ma grand-mère n'ayant jamais quitté le
village dans lequel elle était née et avait grandi et qui, comme voyage,
ne fît que quelques déplacements à la mer du Nord. C'est tellement
improbable aujourd'hui de ne pas quitter les frontières de son pays que
ça donne de ma grand-mère, Estelle, l'image d'une extra-terrestre. On
peut au moins dire que son empreinte écologique fut presque nulle, ce
qui, aujourd'hui devrait être pris en exemple tant nous consommons et
voyageons très souvent inutilement sur le compte de la planète et de nos
enfants. C'était tout simplement une autre époque, une époque où on se
contentait de moins de choses, une époque où l'intérêt de l'homme ne se
basait pas sur ses voyages et sa fortune mais bien plus sur ses qualités
personnelles et sa bonté de cœur. C'est malheureusement une époque
révolue.
René, mon grand-père, qui était également mon parrain, était un bon
vivant qui aimait profiter de la vie et des bonnes choses. C'était un
musicien hors pair qui jouait magnifiquement bien de la trompette et du
saxophone. Autodidacte, il avait appris la musique sans suivre le
moindre cours et surtout sans apprendre le solfège. Cela ne l'empêchait
ni de jouer magnifiquement bien ni de composer ses propres musiques.
C'était un féru de jazz et une figure incontournable de la vie locale. Il
était de tous les événements, de toutes les fêtes et n'était jamais le
dernier à lever le coude si vous voyez ce que je veux dire... C'était
surtout un homme au grand cœur, un homme qui aimait ses proches plus
que tout au monde.
Mes grands-parents maternels habitaient donc tout près de chez moi
mais c'était également le cas de mes grands-parents paternels, Renilde et
Georges, qui, eux, vivaient à Nivelles, Faubourg de Soignies numéro
11 : ime petite rue du centre-ville située à quelques centaines de mètres
de la Grand Place de la cité aclote et de sa majestueuse Collégiale
Sainte-Gertrude. Non loin de la maison, il y avait également une autre
Gertrude, pas la Sainte mais la friterie. Cette friterie que j'ai tellement
fréquentée durant mon enfance, un lieu comme on n'en fait plus
aujourd'hui ! Un lieu avec une âme !
Comme mes parents travaillaient tous les deux à Nivelles, tous les
matins, ils me déposaient chez Renilde et Georges, mes grands-parents
que j'appelais affectueusement Mamou et Papou qui durant 18 ans, au
12
lieu de profiter d'une pension bien méritée se levaient tous les matins à
6h30 pour m'accueillir. Ils me donnaient le bain, préparaient mon petit-
déjeuner et me conduisaient à l'école. Enfin, quand je dis qu'ils me
conduisaient à l'école, ça, ce ne fut qu'à partir de mes 6 ans car avant cet
âge, j'ai toujours refusé d'aller en maternelle. Je m'y ennuyais, je
détestais passer mes journées à empiler des cubes, à colorier, à peindre
des horreurs ou à faù-e du poinçon. Alors, à la place de la maternelle, je
fis mes premiers apprentissages avec mes grands-parents qui se sont
occupés de moi de manière admirable. Je peux le dire sans détour, si j'ai
eu une si belle enfance, c'est assurément grâce à eux. Et qu'est-ce que
j'apprenais tout en m'amusant ! L'alphabet, les chiffres, la nature, c'est
eux qui m'ont tout appris ! Je me souviens de magnifiques balades que
mon Papou et moi nous faisions dans le Parc de la Dodaine de Nivelles,
le tout premier parc public de Belgique. Le bac à sable, les balançoires,
le ballon, donner à manger aux canards et aux oies, tout y passait et cela
faisait de mes journées des journées magnifiques que je n'oublierai
jamais. J'y apprenais tellement plus qu'à l'école ! Quand je vois la
société actuelle, je me dis que j'ai vraiment eu de la chance de pouvoir
profiter ainsi de mon enfance et de mes grands-parents. Rares sont les
enfants qui ont encore la chance de profiter d'un tel encadrement
familial aujourd'hui...
Durant mon enfance et mon adolescence, c'est chez eux que je passais le
plus clair de mon temps. J'arrivais tôt le matin, j'allais à l'école, je
renfrais le midi pour profiter d'un délicieux repas maison concocté par
ma grand-mère et le soir, après les cours, c'était bien souvent chez eux
aussi que je faisais mes devoirs avant de rejoindre mes parents. J'ai
vraiment beaucoup appris au contact de mon grand-père, Georges, un
homme pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. C'était un homme
courageux, un homme droit qui avait de grandes capacités intellectuelles
mais qu'il ne put développer à cause de la pauvreté de ses parents mais
aussi et surtout parce que la seconde guerre mondiale vint le priver de sa
jeunesse. Engagé dans l'armée parce que sa famille ne pouvait lui
financer ses études, mon grand-père fiit capturé par les Allemands lors
de la capitulation de la Belgique en mai 40. Malgré une tentative
d'échapper à l'armée allemande, il fut rattrapé par celle-ci à cause du
manque de courage d'une épicière flamande chez qui il s'était réfugié et
fut envoyé en Allemagne puis en Autriche pour passer 5 années de sa
vie dans les camps de travail nazis.
13
